La « post-édition humaine atone » comme unique modèle d’entreprise ou l’échec annoncé

Le modèle d’entreprise des professionnels de la traduction qui ont muté docilement, parfois sournoisement, vers le tout post-édition – que je qualifie de « post-édition humaine atone » – est inévitablement voué à l’échec. Une prestation dite humaine, amorphe, flemmarde, sans aucune valeur ajoutée, souvent figée, où la créativité s’efface derrière la contrainte, n’a aucun avenir face aux progrès de l’IA.

Si, en quelques années, l’IA a réussi à transformer une part non négligeable du marché de la traduction professionnelle en une prestation de post-édition humaine atone, alors l’IA transformera à très court terme la post-édition humaine atone en une simple prestation de traduction automatique clé en main. Les mots professionnel, expérience, compétence et spécialité n’auront alors plus droit de cité.

Les agences et professionnels qui ont misé et misent aveuglément sur la seule post-édition humaine atone, en renonçant à toute prestation vivante et créatrice de valeur, seront confrontés à leur propre inconséquence car là où l’IA créa la post-édition (humaine), l’IA créera la traduction automatique « professionnelle » clé en main.

D’aucuns se contenteront de railler l’IA et de nier la réalité à laquelle est ou sera confrontée la grande majorité des professionnels de la traduction. Quand la post-édition a débarqué dans la traduction juridique, j’ai souri, presque incrédule ; elle est aujourd’hui une réalité que certains appellent joyeusement « gain de temps ».

Je considère qu’il est urgent d’anticiper l’échec annoncé d’une post-édition humaine atone en la rendant vivante, professionnelle au sens noble et créatrice de valeur.

Comment ?

  • ne jamais renoncer à la création qui nous différencie de la machine ;
  • expliquer en quoi notre travail apporte une valeur ajoutée qui fait défaut à la post-édition humaine atone ;
  • appliquer un tarif en adéquation avec cette valeur ajoutée : ceux pratiqués par certains professionnels participent inévitablement de l’atonie de la post-édition humaine ;
  • refuser tout conformisme ;
  • ne jamais renoncer à défier les mots : l’IA nous contraint, souvent nous malmène mais n’annihile pas notre passion pour les mots ;
  • sensibiliser nos clients : l’inertie et l’uniformité sont ennemies de la créativité ;
  • au-delà des atermoiements : l’action ;
  • et tant d’autres.

Le seul devenir de la « post-édition humaine atone » est la traduction automatique clé en main.

Ce constat nous engage aujourd’hui ou nous dégagera demain !

Christelle Dauvergne